Pour aider l’Horeca à trouver du personnel, Alexandre Pottok crée « Rekrut Extras »

Les restaurants et cafés ont toujours du mal à se relancer après la crise du Covid-19 et les tendances actuelles ne les aident pas beaucoup. Ancien restaurateur bruxellois, Alexandre Pottok tente de pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur grâce à l’application « Rekrut Extras » qu’il a lancée en juin 2021. Après la fermeture de son restaurant, il s’est consacré entièrement à son projet qui évolue rapidement. L’application favorise la communication entre les employeurs de l’Horeca et les travailleurs, expérimentés ou non, dans le secteur. Son atout principal réside dans la géolocalisation et permet de rechercher rapidement du personnel. A ce jour, 2.700 utilisateurs sont enregistrés dans la base de données de l’application mais ce chiffre croît de jour en jour. Plus il y aura d’utilisateurs et plus l’application pourra se développer en Belgique ou à l’international. En attendant, ce sont les Bruxellois qui en sont les plus gros utilisateurs, mais des centaines d’utilisateurs y ont recours dans les grandes villes du pays. Par ailleurs, près de 40 établissements font confiances à « Rekrut Extras », le fondateur en attend trois cents d’ici la fin d’année 2023.

La pandémie du Covid-19 a plongé de nombreux secteurs dans la crise et celui de l’Horeca n’a pas été épargné. De plus, il se heurte à d’autres problématiques actuelles, notamment la crise énergétique, l’augmentation du coût des matières premières et l’inflation des aliments, qui ont un impact sur la rentabilité du secteur. En 2021, malgré une reprise vigoureuse grâce à la réouverture des espaces intérieurs, l’Horeca belge a perdu 30% de son chiffre d’affaires en juin contre 70% en mai, selon une étude de l’ERMG (Economic risk management group). Mais le secteur a toujours rencontré des difficultés à trouver du personnel qualifié et cette pénurie s’est renforcée depuis la crise du Covid-19. Pourtant, l’Horeca est l’un des deux principaux secteurs économiques du pays et le deuxième plus grand pourvoyeur d’emplois, juste derrière le bâtiment avec près de 135.000 personnes en 2020 d’après l’office belge des statistiques, Stabel.

Mais les chiffres de l’organisme montrent que le nombre de travailleurs du secteur de la restauration a diminué de 40% depuis 2020. Une perte remarquée à Bruxelles où le vice-président d’Horeca Bruxelles dit avoir perdu un tiers de son personnel. Les acteurs de l’Horeca se mettent en quatre pour pallier cette pénurie mais peinent tout de même à recruter.

« Ce que l’on ne veut surtout pas, c’est l’aumône. Il n’y a personne dans l’Horeca qui veut le droit passerelle, parce que cela voudrait dire que l’entreprise doit fermer. Or, personne ne veut fermer. Car cela voudrait dire que le personnel serait une nouvelle fois au chômage économique, personne ne veut revenir à cette situation d’il y a 2 ans », explique Luc Marchal, président de la Fédération Horeca Wallonie, dans l’émission Label Éco.

Une solution communicationnelle  

Pour tenter de renverser la vapeur, l’ancien restaurateur Alexandre Pottok a conçu une application mobile qui permet de mettre en relation travailleurs et employeurs du secteur de l’hôtellerie et de la restauration. « Rekrut Extras » est le nom donné à ce nouvel outil, il facilite les rencontres et permet de trouver des extras en dernière minute ou de géolocaliser les travailleurs disponibles. Un an avant la crise du Covid et la pénurie de personnel qui s’en est suivie, l’Horeca est un secteur où il est difficile de concilier vie professionnelle et vie privée en raison des horaires de travail et du rythme de travail.  En tant qu’ancien, Alexandre Pottok l’a bien compris et, de sa propre initiative, a fermé définitivement son établissement, le Pottok restaurant, en octobre 2019. « J’ai vendu mon restaurant car en travaillant 6jours sur 7, je ne profitais pas de ma famille et de mon fils qui avait deux ans à l’époque », déclare le Bruxellois.

« Entre le manque de personnel, la pandémie du Covid et les prix du fournisseur d’électricité et des matières premières qui flambe, cela ne doit pas être facile tous les jours. »

Lui, et sa femme qui officiait en salle, ont tout de même était confronté à la pénurie de main-d’œuvre surtout aux extras. Cela faisait 15 ans qu’il travaillait dans le domaine de la restauration. Il a fait ses armes au Hemgie’s en tant que chef restaurateur, puis il est devenu propriétaire du restaurant en 2012. Le jeune chef le rénova et le nomma le Pottok restaurant, connu des habitants de la capitale. Après avoir fermé son établissement, Alexandre Pottok se dit qu’il serait intéressant de faciliter la rencontre entre les gérants et les extras. Depuis 2019, l’entrepreneur ne travaille plus dans l’Horeca en tant que restaurateur.  « Mon temps est consacré à 100% à l’application mobile Rekrut Extras », dit l’ancien restaurateur. « Je trouve que ceux qui continuent sont courageux. Entre le manque de personnel, la pandémie du Covid et les prix du fournisseur d’électricité (The Energy Origin, partenaire avec Engie) et des matières premières qui flambe, cela ne doit pas être facile tous les jours ».

En outre, Alexandre Pottok se dit qu’il serait pertinent d’intégrer une base de données à son application qui permettrait de retrouver les travailleurs souhaitant aussi trouver un Contrat à durée déterminée (CDD) ou un contrat à durée indéterminée (CDI). L’appli Rekrut Extra, commercialisée en décembre 2022, offre désormais des possibilités aussi bien aux demandeurs d’emploi qu’aux employeurs du secteur Horeca à court ou à long terme.

 

2700  utilisateurs, mais une augmentation de jour en jour

Quelques mois après le lancement de Rekrut Extras, une étude de marché a démontré que 82% des personnes interrogées étaient favorables à l’initiative.. La communication autour de son application dans les médias a donné un coup d’accélérateur au produit. Car, en une semaine 400 nouveaux utilisateurs se sont ajoutés à la base de données de L’application. Aujourd’hui, elle affiche 2.700 utilisateurs dont 1700 travailleurs à Bruxelles, un peu moins d’une centaine à Anvers et le reste, réparti entre 150 et 200 travailleurs dans les grandes villes de la Belgique.

Une géolocalisation allant jusqu’a 30 km  

L’une des grandes forces de l’application est la géolocalisation, puisqu’elle permet de ne pas se disperser dans sa recherche et d’avoir des retours plus rapides. Les candidats employeurs ont un rayon de recherche allant jusqu’à 30 km. Les plus grands périmètres sont surtout intéressants pour les gérants qui recherchent du personnel pour des missions à planifier à plus long terme ou pour leur proposer un CDD ou un CDI. Grâce à la géolocalisation, l’application favorise les emplois de proximité afin de réduire les longs déplacements vers le lieu de travail mais aussi pour permettre d’avoir un extra supplémentaire en seulement 20 minutes. L’application Rekrut Extras propose aux étudiants, aux indépendants, aux flexi-jobbers et aux extras plus de 40 qualifications, de voiturier à traiteur en passant par sommelier. « Les entreprises du secteur de l’accueil peuvent publier des offres en indiquant la date de début et celle de la fin du contrat ainsi que les heures de prestations. Tout est ensuite est envoyé immédiatement aux 2.700 candidats repris dans la base de données », détaille Alexandre Pottok.

De leur côté́, les demandeurs d’emploi  peuvent indiquer leurs disponibilités. Puis, il leur suffit de compléter une courte biographie indiquant leur expérience. Pour répondre à une offre, deux systèmes de mise en relation existent. 

 

Une cotation des employés

Après avoir répondu à une offre ou sélectionné un nouveau personnel, que ce soit pour l’employeur ou le travailleur, la difficulté est qu’en peu de temps, toute la paperasse doit être en ordre. Cela peut prendre un moment et ce n’est pas juste en cliquant qu’on trouve la personne « prête à l’emploi ». D’ailleurs, la simplicité de l’application à trouver un travailleur n’enlève en rien les vérifications classiques, mais nécessaires, telles que s’assurer que la personne possède des papiers pour travailler ou de la déclarer avant l’heure de son service. D’où l’obligation de faire une déclaration Dimona via le site de l’Office national de sécurité sociale (l’ONSS) ou s’adresser à un secrétariat social. Dans une future version de Rekrut Extras, un lien direct vers l’ONSS sera disponible pour faciliter les déclarations.

« Quand l’Horeca aura bien tourné et que l’application sera implantée dans les grandes villes belges, on espère étendre l’application à l’international. »

Les candidats à l’emploi présent sur l’application doivent indiquer y leurs expériences passées via un système de cotation. L’employeur peut leur octroyer une cote sur trois aspects : la ponctualité, le professionnalisme, et le respect du dress code. Une note élevée est synonyme de confiance pour les restaurateurs, et donc un avantage pour les travailleurs dans leur recherche d’emploi. « Lorsqu’ils ont travaillé, une notation avec des étoiles apparaissent sur leur profil. Ce sont les restaurateurs qui cotent la prestation. Forcément, plus la note est bonne, plus ils auront de chances d’être repris par la suite ».

Gratuit pour les candidats à l’emploi

Alexandre Pottok a développé une application intuitive et efficace. Que coûte-t-elle ? Rekrut Extras est totalement gratuite pour les demandeurs d’emploi. En revanche, les employeurs de l’Horeca doivent prendre une version payante afin de contacter le personnel disponible. L’abonnement annuel est actuellement de 179 euros par an (offre de promotion jusqu’au fin mars), mais il passera ensuite à à 299 euros par an. Le fondateur précise qu’« il existe une version démo pour les gérants de l’Horeca qui leur permet de consulter les travailleurs près de chez eux. Pas besoin de s’abonner. Mais c’est nécessaire pour être mis en relation ». Ils pourront télécharger une version gratuite afin de disposer du nom, de la photo, ainsi que des compétences et références du candidat.

Ambition à l’international

Actuellement, 40 restaurateurs belges sont partenaires de Rekrut Extras. « Pour la fin de l’année 2023, nous voulons arriver à environ 300 restaurants », ambitionne Alexandre Pottok. En attendant, des enseignes comme « Le Chalet de l’Amusoir », le

« Becketts Irish bar », « The Huggy’s Bar », Ikea et bien d’autres établissements font confiance à Rekrut Extras. Avec son projet ambitieux, Alexandre Pottok espère pouvoir répondre à une partie des attentes d’un secteur mal en point. « Quand l’Horeca aura bien tourné et que l’application sera implantée dans les grandes villes belges, on espère étendre l’application à l’international », conclut l’ancien restaurateur.

Clara Renavant (st)